Lors d’une résidence à Nau Côclea à Camallera en mai 2022, j’ai rencontré le vent qui vient de l’autre côté des montagnes. Un vent fort et incessant qui semblait faire bouger le paysage, chanter les lignes électriques, qui transformait les champs de blé en océans et faisait trembler les maisons. Partout j’entendais les gens dire “c’est le vent qui rend fou !”
Peu à peu, j’ai réalisé que le vent m’affectait réellement. Il est devenu obsédant, s’invitant dans mes rêves et dans mes dessins. J’ai décidé d’en faire mon sujet de recherche : la tramontane peut-elle influencer les pensées et les comportements ou s’agit-il d’une légende? Pendant un mois, j’ai fait l’expérience du vent: j’ai essayé de le capturer, de dialoguer, de voler et de danser avec lui. J’ai parlé avec les habitants et cherché des fondements scientifiques à une telle croyance.

Comissaire de l’exposition : Herman Bashiron Mendolicchio.

Cette exposition présente les résultats de cette expérience et de cette investigation. La performance relate la rencontre de l’artiste avec le vent. La musique live de Jordi Rallo semble guider le geste de l’artiste, tout comme le vent a mis en mouvement une dynamique créative. Une série de dessins quasi-automatiques épinglés sur le mur illustre la tentative frénétique de l’artiste de capturer le vent et de le traduire en rythmes, séquences, vagues et courants. Les dessins dialoguent avec le poème spécialement écrit par Clara Gari. Une vidéo du paysage sous l’emprise du vent montre la capacité de la tramontane à nous faire voyager dans un monde imaginaire. La sculpture est faite d’une liane de lierre entrelacée, dont les intersections sont renforcées par des nœuds de fils colorés. Elle s’inspire de la tradition indienne du raksha bandhan (lien de protection), un rituel qui consiste à nouer un fil autour du poignet de son frère ou de sa sœur pour exprimer son attachement et renforcer le lien familial. La sculpture illustre la tentative de maintenir le lien dans les turbulences. Alors que le vent emporte la vigne sans racine, chaque nœud renforce la structure et lui redonne de la force.

En définitive, cette exposition invite le public à s’interroger sur sa propre sensibilité aux événements climatiques. Elle pose la question plus large de l’influence d’un environnement sur les individus, et de la capacité des éléments à influencer le comportement humain et à façonner les caractères.

BIO
Soazic Guezennec est née en 1971 à Genève, en Suisse, mais a grandi en France, en Bretagne. Elle a étudié à l’Institut supérieur de gestion de Paris tout en suivant des cours d’art aux Ateliers des Beaux-Arts. Elle a obtenu son diplôme à l’École des beaux-arts de Paris Cergy. Son travail a été exposé dans des galeries, musées, centres d’art et dans l’espace public en Europe, en Asie et en Amérique. Son oeuvre se caractérise par une profonde préoccupation pour l’environnement et un désir de sensibiliser le public aux questions écologiques. Depuis plus de 20 ans, elle mène des recherches sur des environnements intenses partout sur la planète, de la forêt amazonienne à l’Himalaya, des déserts africains aux mégalopoles urbanisées à l’extrême, afin de questionner la relation entre les êtres humains et leur environnement dans différentes cultures. En 2016, elle s’est installée à Berlin, où elle continue de vivre et de travailler.

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Exposiciones

Tocada per la Tramuntana | Soazic Guezennec

Lugar

Espai souvenir

Sesiones

jueves 18 May 2023
jueves 22 Jun 2023